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3 mai 2007 4 03 /05 /mai /2007 16:04
1er JUIN 2002


PAQUES AU TISON
de Martine DOYEN

Le proverbe annonçait une suite, c'est chose faite avec Pâques au tison, deuxième volet du diptyque consacré à l'enfance de Paulette. Trois années se sont écoulées depuis Noël au balcon. La petite Paulette devient une jeune fille qui commence à s'intéresser aux garçons. Elle se réunit avec toute sa famille, scindée depuis le divorce de ses parents, pour fêter Pâques dans la buvette de l'hippodrome de Sterrebeek inoccupé pour l'occasion.
Son père, Sacha, profite de l'aubaine pour reconquérir Emma, la mère de Paulette. D'autant plus que le père d'Emma et la mère de Sacha ont décidé de vivre ensemble.

Très vite, ils sont rejoints par trois garagistes déjantés qui vont faire monter la tension.
Pendant ce temps, Paulette tombe sous le charme de Pedro. Indifférent à ses « avances », celui-ci préfère l'épater par ses innombrables bêtises qui vont tourner au drame dans une caravane proche de la buvette. Martine Doyen crée sous nos yeux un monde gentiment délirant et kitsch composé d'individus plus extravagants les uns que les autres, et dont le plus pitoyable est un gérontophile. Dans ce microcosme peuplé d'adultes instables, il est indéniable que les enfants ne trouvent plus leurs marques : c'est le cas de Paulette, dont les parents sont divorcés, et plus encore de Pedro, dont les jeux dangereux auront des conséquences irrémédiables. Le récit progresse crescendo. En effet, tout commence dans une ambiance d'hystérie pour tourner au vinaigre jusqu'à un dénouement des plus tragiques. Avec son regard d'entomologiste, Martine Doyen observe ses personnages sans les juger de sorte que son court métrage ne tombe jamais dans la caricature.
On en ressort cloué sur place.

Sébastien Schreurs

 

UN PORTRAIT de Philippe MURGIER

En 1621, Mathieu, le meilleur apprenti du peintre Franz Pourbus, est envoyé dans un château flamand qu'occupe la cour espagnole. Il dispose de dix-neuf jours et trois dimanches pour exécuter le portrait de l'infante Marguerite Eléonore. Entre ces murs, la tradition veut que personne n'ait le droit d'adresser la parole à l'infante. À la souffrance de cette très jeune fille livrée au regard dévisageant du jeune homme répond le désarroi du peintre à « rendre l'âme » de son modèle par cet échange exclusivement visuel. Par le biais d'un stratagème inopiné, Mathieu réussira à parachever son portrait.

Philippe Murgier met en scène l'ultime étape de l'apprentissage d'un jeune peintre devant faire face à une série de difficultés qui décideront de son aptitude ou non à devenir maître à son tour. Il doit affronter seul un monde dont les us et coutumes lui sont inconnus. Son modèle, si proche soit-il, lui est inaccessible, d'où la présence d'un intermédiaire en la personne d'une duègne pour l'infante et d'un majordome pour le peintre. Au fil des jours, le doute s'installe quant à la façon de franchir tous les obstacles qui se dressent sur son chemin. Grâce à son humilité et à sa patience, il parviendra à mener son dessein à bien, lui permettant d'entrer dans la cour des grands. Ce face-à-face silencieux et mystérieux, où tout passe par le regard, donne naissance à une magnifique scène où l'infante finit par dévoiler une partie de son âme par l'expression de son visage. L'interprétation toute en retenue de Yannick Renier (le frère de Jérémie, révélé par les frères Dardenne dans La Promesse) laisse présager un bel avenir à ce jeune comédien.

Sébastien Schreurs

  

HO ! CAMARADES de Samuel LAMPAERT

Trois vieillards se retrouvent régulièrement sur un banc public. Vu le silence de ce rituel, on imagine que leur seule présence suffit à chacun d'entre eux pour se remémorer les bons moments d'antan. À tel point que des amoureux qui se bécotent, assis sur les genoux de l'un d'eux, ne semblent pas déranger le moins du monde leur quiétude. Avec le temps, le paysage verdoyant se transformera en chantier de construction, prêt à voir s'ériger un bâtiment. Quant au banc peinturluré de graffitis, il finira par disparaître, remplacé par du macadam. Tous ces changements n'empêcheront pas les trois amis de se séparer... si ce n'est la mort.
Samuel Lampaert signe une ode à l'amitié, à la nostalgie, au temps qui passe. L'absence de paroles permet au spectateur de mieux apprécier cette histoire philosophique dont les images parlent d'elles-mêmes.

Sébastien Schreurs

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